Stress et sommeil ne font pas bon ménage
Patrick Légeron, psychiatre, fondateur du cabinet Stimulus, auteur de plusieurs rapports et livres de référence sur le stress au travail et du burn-out en France
Point de vue
Les troubles du sommeil et le stress ne font pas bon ménage.
De plus en plus d'entreprises s'intéressent à la problématique du stress au travail. C'est une avancée importante, car la France était en retard par rapport à d'autres pays. Lorsqu'on aborde la question du stress au travail, il est essentiel d'intégrer celle du sommeil, qui joue un rôle fondamental dans la santé des salariés et impacte directement la performance au travail ainsi que celle des entreprises.
Les troubles du sommeil sont parmi les conséquences les plus fréquentes du stress. Le stress mobilise le corps et l’esprit, créant une tension physique et mentale. Les muscles se contractent, le cœur s'accélère, des émotions négatives et des pensées anxiogènes apparaissent, nuisant à l’endormissement et à la qualité du sommeil.
Inversement, les troubles du sommeil aggravent le niveau de stress. Une mauvaise nuit engendre de la fatigue, des difficultés de concentration et une moindre résilience face aux situations stressantes. Des études montrent que les personnes ayant mal dormi perçoivent les événements quotidiens comme plus stressants que ceux ayant bien dormi. Le cortisol, hormone liée au stress, est plus présent chez ceux ayant peu dormi, ce qui accentue leur vulnérabilité au stress.
L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail estime qu'un quart à un tiers des salariés en France subissent un niveau de stress trop élevé, un chiffre corroboré par plusieurs études.
On observe ainsi une interaction forte entre le stress et les troubles du sommeil : le stress entraîne des troubles du sommeil, et ces troubles augmentent à leur tour le stress. Il est donc essentiel de briser ce cercle vicieux pour préserver la santé des salariés et améliorer la qualité de vie au travail.