Du cockpit de l'avion à la cabine du camion
- romainfinas
- 20 oct.
- 8 min de lecture
Synthèse et replay du Webinaire du 15 octobre 2025
"Mener une politique de prévention de la somnolence quotidienne ne retire pas les conducteurs de leur poste mais leur donne les moyens d’y rester en toute sécurité."
Webinaire en quatre parties :
Pourquoi faire de la prévention de la fatigue et de la somnolence une priorité pour les entreprises du transport ?
Comment le risque de fatigue et de somnolence est-il géré dans le secteur aérien ?
Comment mettre en œuvre un parcours "fast-track" des troubles du sommeil et de la vigilance ?
Comment mener une démarche de prévention du risque sommeil ?
Pourquoi faire de la prévention de la fatigue et de la somnolence une priorité pour les entreprises du transport ?
par Romain Finas, co-fondateur d'inSleepLab
Objet du webinaire
Un webinaire consacré à la fatigue et à la somnolence dans le transport routier, avec un éclairage croisé issu du secteur aérien, afin d’anticiper l’impact des nouvelles réglementations européennes et de proposer des solutions concrètes aux employeurs et conducteurs.
Contexte et enjeux
Somnolence : un risque massif et documenté
30 % des conducteurs de poids lourds ressentent de la fatigue chronique
30 % déclarent s’être endormi au volant dans l’année
30 % des accidents mortels sont liés à la somnolence
Des causes multiples
Privation de sommeil liée au mode de vie ou aux horaires irréguliers
Troubles du sommeil (insomnie, apnée…), avec une forte sous-diagnostic (seulement 30 à 40 % des cas détectés)
Évolution réglementaire
Depuis 2022 : obligation européenne d’équiper les véhicules de dispositifs de détection active de somnolence et d’inattention.
Ces systèmes enregistrent les alertes : les entreprises ne peuvent plus ignorer le problème.
Cela va générer :
Des alertes fréquentes côté conducteurs,
Des inquiétudes sur l'emploi,
Une obligation renforcée de la part des employeurs d’agir sur le plan de la santé-sécurité.
Dans ce contexte, comment mettre en place un dispositif de prévention efficace de la fatigue et de la somnolence.
Intervenants
Philippe Cabon : expert des risques de fatigue dans l’aérien, fondateur de Would Be, spécialisé dans les modèles prédictifs.
Dr Guillaume Marchand : médecin du sommeil et de la vigilance, engagé dans des parcours de diagnostic rapide adaptés aux conducteurs.
Comment inSleepLab aide les entreprises ?
inSleepLab apporte une réponse complète aux obligations de moyens renforcés du code du travail :
Évaluation de la fatigue et de la somnolence,
In(formation) là où se trouve le salarié
Repérage et prise en charge de salariés à risque.
Vous voulez échanger sur un projet de prévention?
Envoyez-nous un message à contact@insleeplab.fr ou
Comment le risque de fatigue et de somnolence est-il géré dans le secteur aérien ?
Interview de Philippe Cabon, expert dans la gestion du risque fatigue, maître de conférence à l'Université Paris-Cité et fondateur du cabinet de conseil Welbees
Ce que nous abordons
Le secteur aérien, confronté depuis toujours à la gestion du risque fatigue, a mis en place un cadre structuré, faisant de la vigilance opérationnelle un ancré dans les pratiques manageriales et la culture des compagnies aériennes. Sont-elles différentes du transport routier ? Sont-elles transposables ?
Un cadre réglementaire déjà mature
Depuis 2016, les compagnies aériennes européennes sont tenues de déployer un système de gestion du risque de fatigue (FRMS). Ce système n’est pas optionnel : dès lors qu’un pilote travaille de nuit ou sur long courrier, la compagnie aérienne doit mettre en place des mesures d’évaluation, de prévention et de contrôle de la fatigue.
Deux niveaux existent :
Niveau préventif standard : intégrer le risque de fatigue dans la construction des plannings et former les équipages.
Niveau renforcé avec approbation de l’autorité : pour toute dérogation aux temps de repos ou de vol, l’entreprise doit démontrer, preuves à l’appui, que le risque de fatigue est maîtrisé.
Une responsabilité partagée entre l'entreprise et les personnals naviguants
Les compagnies aériennes fonctionnent selon un principe de corresponsabilité :
Le management s’engage à construire des plannings compatibles avec la récupération et à adapter l’organisation si un risque est identifié.
Les pilotes et personnels navigants ont l’obligation d’utiliser leurs temps de repos pour se reposer réellement et de déclarer toute fatigue susceptible d’affecter la sécurité.
Ce principe est souvent formalisé par une charte signée par les deux parties, ce qui instaure une culture de transparence et de confiance – élément clé de la prévention efficace.
Une culture de la détection proactive
Le système ne repose pas uniquement sur la déclaration des salariés. Il s’appuie aussi sur :
Des rapports fatigue obligatoires : chaque occurrence de fatigue ressentie en opération doit être signalée et analysée.
Des équipes dédiées au suivi de ces rapports (certaines compagnies comme EasyJet emploient jusqu’à 10 personnes à temps plein sur ce sujet).
Des outils prédictifs, basés sur l’intelligence artificielle, qui analysent les plannings et attribuent à chaque vol un niveau de risque fatigue.
Des innovations technologiques en cours d’intégration
Le secteur aérien développe ou teste actuellement :
Des algorithmes de suivi de la vigilance notamment dans les logiciels de planning
Des systèmes de monitoring en temps réel grâce à l’analyse du clignement des yeux par exemple (algorithme PERCLOS)
Des dispositifs d’alerte automatique en cas d’inactivité prolongée.
Ces technologies visent à anticiper le risque, tout en soulevant des enjeux d’acceptabilité, de protection des données et de conduite du changement.
L'avenir des outils de prédiction
Les systèmes de gestion du risque fatigue dans l’aérien reposent sur des modèles data-driven, construits à partir de données opérationnelles collectées sur plusieurs semaines :
horaires de service, de vol, de repos,
décalages horaires,
historique des rotations,
profils individuels.
Ces modèles permettent de calculer un score de risque fatigue associé à chaque planning, avant sa mise en œuvre.Ils sont donc prédictifs (avant publication des horaires) mais aussi analytiques (enquête post-incident).
Des usages multiples de ces outils prédictifs
Trois niveaux d’utilisation coexistent :
Prédictif (avant service) : évaluer la fatigue potentielle d’un conducteur avant le début d’un service ou d’un cycle de travail, et ajuster le planning si besoin.
Réactif (post-incident) : analyser la contribution éventuelle de la fatigue à un accident ou un incident pour corriger les procédures.
Personnalisé (individuel) : modéliser le profil de vigilance d’un salarié selon son âge, son chronotype, son besoin de sommeil, sa consommation de caféine, etc.→ Ces modèles sont déjà utilisés par certaines armées pour gérer les missions de longue durée.
Vous voulez échanger sur un projet de prévention?
Envoyez-nous un message à contact@insleeplab.fr ou
Comment mettre en oeuvre un parcours "fast-track" des troubles du sommeil et de la vigilance ?
Interview du Dr Guillaume Marchand, médecin du sommeil et de la vigilance à l'AP-HP
L’un des enjeux réglementaire est la notion de somnolence diurne excessive, devenue un critère central dans le renouvellement du permis professionnel. La loi stipule que le conducteur peut conserver son aptitude à condition que cette somnolence soit diagnostiquée, traitée et contrôlée. Or, ce concept reste souvent flou pour les entreprises comme pour les salariés. Le parcours fast track a été conçu précisément pour répondre à cette complexité, en apportant un cadre rapide, médicalement validé et opérationnellement compatible avec les contraintes du secteur routier.
Traiter la somnolence permet le maintien dans l'emploi dans le transport et la logistique
La majorité des signalements de fatigue ne relèvent pas d’une pathologie grave mais s'abordent avec une bonne hygiène du sommeil.
En population générale, seuls 11 % correspondent cependant à de véritables troubles de la vigilance et du sommeil qu'il faut traiter.
Moins de 1 % aboutiront à un arrêt de travail souvent temporaire et rarement à une inaptitude définitive.
La somnolence nécessite d'organiser un parcours rapide et ciblé
La somnolence se mesure à travers des questionnaires validés, mais ceux-ci reposent sur une déclaration subjective et peuvent être biaisés si le salarié craint de perdre son emploi.
Pour objectiver la situation, deux tests médicaux sont utilisés :
Test de latence d’endormissement (mesure de la rapidité à s’endormir).
Test de maintien d’éveil (TME), qui est la référence médico-légale pour la conservation du permis.
Le parcours "fast track"
Pour répondre aux exigences réglementaires tout en évitant des arrêts prolongés, ce parcours repose sur trois piliers issus du transcript :
Dépistage digital immédiat
Questionnaires en ligne validés scientifiquement.
Réponse possible depuis la cabine du conducteur, à tout moment.
Diagnostic médical accéléré le plus possible à domicile
Dispositifs de polygraphie envoyés par colis, portés comme une montre et un capteur sternum (aucune hospitalisation).
Analyse du sommeil sur une nuit, à domicile (envoi du dispositif) interprétée dès le retour du dispositif de mesure (d'expérience, le parcours dure moins de 10 jours de la consultation initiale à la consultation de restitution du diagnostic).
Décision médicale et plan de traitement rapide
Téléconsultation avec un médecin spécialiste sous 7 jours ouvrés.
Si pathologie détectée (ex : apnée du sommeil), mise en place rapide du traitement avec maintien de l’aptitude sous surveillance.
Seuls les cas extrêmes, plus rares, nécessitent une inaptitude temporaire.
Technologies mobilisées
Polygraphies à domicile grâce aux dernières innovations
Plateforme numérique sécurisée pour le suivi médical.
Algorithmes de tri et de priorisation basés sur des modèles scientifiques validés.
Ce parcours permet :
d’éviter l’arrêt de travail définitif et la perte de permis dans l’immense majorité des cas ;
de sécuriser juridiquement l’employeur, qui démontre une démarche active de prévention (obligation de moyens renforcés) ;
de fidéliser les salariés, en leur offrant une prise en charge concrète, rapide et non stigmatisante (logique de tiers de confiance)
Vous voulez échanger sur un projet de prévention?
Envoyez-nous un message à contact@insleeplab.fr ou
Comment mener une démarche de prévention du risque sommeil ?
Par Romain Finas, co-fondateur d'inSleepLab
La démarche d'inSleepLab s'inscrit dans une logique de partenariat opérationnel avec les entreprises et la médecine du travail, au service d’un double objectif : protéger la santé des conducteurs tout en sécurisant la continuité de l’activité professionnelle.
inSleepLab accompagne les entreprises dans le respect des responsabilités légales croissantes en termes de santé et sécurité des conducteurs :
Évaluer le risque de somnolence de manière documentée et traçable (questionnaires, données épidémiologiques),
Former et sensibiliser les salariés à l’hygiène du sommeil et à leurs propres facteurs de risque,
Mettre en place des actions concrètes et mesurables (plans d’action, parcours de prise en charge, suivi).
Cette démarche répond directement aux attentes de conformité, notamment dans un contexte où les contrôles et les contentieux vont s’intensifier dans le secteur routier avec l’instauration progressive des DUERP de branche et la mise en place systématique des dispositifs de détection de vigilance embarqués .
Une approche intégrée
Notre modèle s’appuie sur trois niveaux d’intervention complémentaires :
Prédictif : Anticiper les situations de risque grâce à l’analyse des plannings (modèles issus de l’aérien adaptés au transport routier).
Repérage précoce : Identifier les salariés à risque via des outils de dépistage validés et compréhensibles.
Parcours de soins rapide (Fast Track) : Orienter immédiatement vers le bon niveau de prise en charge, tout en maintenant le salarié en activité quand cela est médicalement possible.
Sécuriser sans exclure : restaurer la confiance
Nous savons que la principale crainte des conducteurs (comme des employeurs) est qu'ils perdent leur emploi ou leur permis. Notre rôle est donc d’instaurer un climat de confiance :
En expliquant clairement les étapes,
En insistant sur le fait que 90 % des situations se résolvent sans interruption de travail. Pour les 10% restants, les inaptitudes temporaires sont justifiées et sont courtes dans la grande majorité des cas.
En assurant un suivi personnalisé dans sa vie professionnelle avec ses traitements.
Une opportunité stratégique pour les entreprises
Au-delà de la conformité, cette démarche devient un levier de performance durable :
Réduction des accidents et arrêts de travail,
Fidélisation des conducteurs dans un contexte de recrutement tendu,
Amélioration de la marque employeur notamment auprès des jeunes,
Contribution directe à la QVCT et à la prévention des risques professionnels.
Vous voulez échanger sur un projet de prévention?
Envoyez-nous un message à contact@insleeplab.fr ou



Commentaires